« Tout a commencé, il y a quelques années, lors d’une conversation avec Hockey Nova Scotia sur la façon d’augmenter les possibilités pour les filles, en particulier dans les communautés autochtones, de jouer au hockey », explique Ryan Francis, membre de la Première Nation Acadia, et cofondateur et responsable du programme de hockey pour filles autochtones Hockey Nova Scotia Indigenous Girls Hockey Program (en anglais).
Ryan et ses cofondateurs savent que la participation au sport peut favoriser l’esprit de communauté et le sentiment d’appartenance, deux facteurs essentiels au bien-être social et mental. Ils sont aussi conscients que de nombreuses personnes vivant au Canada sont confrontées à des obstacles majeurs qui les empêchent de pratiquer un sport, notamment le manque d’argent ou d’espaces sécuritaires pour participer.
C’est pourquoi le programme de hockey pour les filles autochtones est une initiative si essentielle. Lancé en février 2020, ce programme gratuit offre aux filles autochtones de 6 à 14 ans des occasions d’acquérir des compétences de base en hockey. On leur offre du temps de jeu et de l’équipement à trois endroits en Nouvelle-Écosse : à Truro, à Eskasoni et à Membertou.
« Nous consacrons du temps, de l’espace et des ressources spécifiquement destinés aux filles autochtones qui veulent jouer au hockey, et ce, afin de leur donner l’occasion de jouer avec leurs pairs. C’est une expérience qu’elles n’avaient jamais pu vivre auparavant »,
raconte Ryan. À ce jour, ce sont plus de 190 filles qui ont participé au programme. « C’est génial de voir un groupe de filles qui viennent maintenant jouer », s’enthousiasme Madison Gould, l’une des responsables du programme sur glace. « Pendant de nombreuses années à Eskasoni, il n’y avait presque pas de filles qui jouaient au hockey, alors c’est formidable que ce programme soit offert. »
Les personnes qui participent à ce programme sont principalement des femmes, dont de jeunes entraîneuses autochtones comme Erin Denny (en anglais), la première femme mi’kmaq à jouer pour l’équipe de la Nouvelle-Écosse, ce qui aide les participantes à se sentir plus à l’aise.
« J’ai toujours eu l’impression d’être jugée par les garçons. Ici, c’est un espace sécuritaire pour les jeunes filles autochtones »
confie Amaya Johnson, l’une des assistantes du programme sur glace.
Selon Ryan, un espace sécuritaire pour jouer au hockey, le travail d’équipe, la motivation et le soutien des autres ne sont que quelques-uns des bienfaits que les filles retirent de leur expérience dans le programme. Plus important encore, elles profitent énormément du fait que leur propre culture est représentée au hockey. « J’aime mes entraîneuses! Elles sont gentilles, et l’une d’elles est ma mère », confie Riley, une jeune fille de 8 ans qui participe au programme.
« Les racines de la relation qu’entretiennent les Mi’kmaq avec le hockey sont profondes (en anglais) », affirme Ryan. « Il est très important de comprendre et de reconnaître les contributions des Mi’kmaq au hockey et d’intégrer notre langue et nos points de vue dans le programme. Ces filles ont l’occasion d’entendre parler leur langue, de s’y intéresser et même de l’apprendre un peu en jouant au hockey.
Lorsque vous participez à un jeu dans lequel, historiquement, les femmes et les filles autochtones n’étaient pas représentées, vous créez un sentiment de communauté.
Et quand vous vous sentez vues, entendues et félicitées, vous gagnez en confiance dans d’autres contextes, que ce soit à l’école ou dans d’autres milieux sociaux. »
L’objectif du programme n’est pas seulement d’encourager la participation au hockey, c’est aussi de soutenir les filles et les femmes autochtones dans des postes de leadership, c’est-à-dire dans des rôles de responsables sur glace, des postes administratifs régionaux et également comme entraîneuses juniors.
« Nous contribuons à ouvrir la voie vers des postes d’entraîneuses », explique Ryan. « Bien que nous leur demandions quelques exigences minimales, nous les soutenons pour qu’elles les obtiennent. Lorsqu’une entraîneuse junior évolue vers un rôle officiel de responsable sur glace, la boucle est bouclée. Et ce sont des réussites que nous voulons voir se multiplier. »
En plus de diriger ce programme, Ryan travaille à temps plein pour le ministère de la Communauté, de la Culture et du Patrimoine du gouvernement de la Nouvelle-Écosse. En tant que l’un des trois finalistes du Prix Willie O’Ree, héros de la communauté, remis par la LNH (en anglais), Ryan est reconnu pour avoir mis en œuvre un programme qui génère des retombées positives incroyables.
Pour ce qui est de l’avenir du programme de hockey pour les filles autochtones, Ryan espère qu’il prendra de l’ampleur et qu’il s’améliorera en fonction des commentaires de la communauté. Tout au long du mois de juin, dans le cadre du Défi Ensemble, on bouge de ParticipACTION et avec le soutien de la subvention Signature Saputo, le programme organise trois jamborees dans le Canada atlantique (à Truro, en Nouvelle-Écosse; à Moncton, au Nouveau-Brunswick; et à Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard) pour souligner la présence des femmes et des filles autochtones dans le hockey.
« Je souhaite vivement que le programme prenne de l’expansion dans toute la région. Dans le système sportif général, les régions ont été définies en fonction des frontières provinciales, ce qui entraîne de nombreux défis. J’aimerais beaucoup que l’on reconnaisse ce programme sur le territoire traditionnel. Mais la façon d’y parvenir exigera sans doute beaucoup de discussions. »