C’est le 4 octobre qu’a eu lieu le lancement du Bulletin de l’activité physique chez les enfants et les jeunes 2022 de ParticipACTION. Nous nous sommes entretenus avec la Dre Leigh Vanderloo, directrice scientifique de ParticipACTION pour connaître son point de vue sur les notes et les données du Bulletin.
Pourquoi le Bulletin des enfants et des jeunes 2022 est-il si important?
Ce Bulletin constitue un résumé des meilleures recherches disponibles sur l’activité physique, comme des enquêtes nationales, des études clés publiées et plus encore. Nous espérons qu’il servira d’appel à l’action pour aider les enfants vivant au Canada à devenir plus actifs. L’inactivité physique est un problème générationnel causé par nos modes de vie moderne. L’augmentation du temps passé devant un écran, le développement urbain croissant dans les communautés et l’augmentation de l’automatisation de tâches autrefois manuelles jouent un rôle dans ce problème de santé publique généralisé qui doit être reconnu comme une priorité nationale et mondiale. La pandémie n’a fait qu’ajouter au défi, car les écrans sont devenus essentiels à l’éducation et aux loisirs, et les restrictions de santé publique ont alimenté un mode de vie sédentaire dans nos maisons.
Quelles sont les nouveautés du Bulletin des enfants et des jeunes 2022?
Afin de souligner l’importance de l’activité physique pour les groupes dignes d’équité, le Bulletin 2022 présente des résultats clés spécifiques aux enfants et aux jeunes handicapés, aux filles ainsi qu’aux enfants et aux jeunes autochtones, 2ELGBTQQIA+, nouveaux arrivants et racialisés. De nombreuses familles, communautés et organisations ont travaillé dur pour offrir des occasions d’activité physique aux enfants, mais malheureusement, celles-ci n’ont pas toujours été vécues de manière équitable. Par exemple, les rues piétonnes sont généralement localisées dans des zones où il y a moins de minorités visibles et de ménages avec enfants. Nous espérons que ce rapport sensibilisera à l’importance de mesurer, promouvoir et comprendre l’activité physique chez les enfants et les jeunes dignes d’équité.
Quelles sont les statistiques et les notes que les gens devraient connaître?
- Au plus fort de la pandémie, seuls 28 % des enfants respectaient la recommandation de 60 minutes par jour d’activité physique modérée à soutenue.
- Les enfants ont reçu la note de « D » pour l’ensemble de l’activité physique, une baisse par rapport au « D+ » du Bulletin de 2020. Cela représente une diminution de 11 % de l’activité physique modérée à élevée.
- Le plus alarmant reste que seulement 18 % des enfants ont respecté les recommandations relatives au temps d’écran contenues dans les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures, à savoir pas plus de deux heures d’utilisation quotidienne d’écrans à des fins récréatives, ce qui a conduit à un « F » pour les comportements sédentaires, une baisse par rapport au « D+ » de 2020.
Comment la pandémie a-t-elle affecté les notes du bulletin de cette année?
Au début de la COVID-19, il y a eu un changement soudain et radical dans la façon dont les enfants pouvaient accéder aux occasions d’activité physique. Les jeux entre amis, les cours d’éducation physique en personne, les compétitions sportives et les programmes des centres communautaires ont cessé. De plus, le passage à l’apprentissage en ligne et les demandes de rester à la maison ont accru l’utilisation déjà problématique des écrans, ce qui a suscité des préoccupations encore plus grandes quant aux nombreuses façons dont le temps passé devant un écran nuit au bien-être des enfants.
Alors que la pandémie se poursuivait, la plupart des familles ont compris l’urgence de protéger la santé publique, mais ont également réalisé que de nombreux enfants étaient soudainement privés d’occasions essentielles de rester actifs, de développer des compétences et de nouer des liens avec leurs pairs par le biais du sport et de l’activité physique. Cette prise de conscience a eu des conséquences positives pour les enfants, car de nombreuses familles, communautés et organisations ont travaillé sans relâche pour offrir aux enfants des occasions d’être actifs. Par exemple, certaines communautés ont trouvé le moyen d’utiliser des espaces urbains sans voiture, des sentiers et des marchés en plein air pour permettre aux familles de sortir et bouger. Au pic de la pandémie, le temps passé à s’adonner à des jeux actifs à l’extérieur a augmenté par rapport au début de la pandémie, mais est resté inférieur au niveau d’avant la pandémie. En effet, depuis 2020, 40 % des Canadiens ont augmenté leur fréquentation des sentiers, et de nombreux détaillants n’ont pas pu répondre à la demande accrue d’équipement récréatif de plein air tout au long de la pandémie.
Il y a également eu un récent classement mondial de l’activité physique. Le Canada s’en est-il bien tiré?
Oui, ce classement s’appelle Comparaisons mondiales 4.0, qui évalue les niveaux et les tendances au niveau mondial en matière d’activité physique chez les enfants et les adolescents. Le rapport a fait appel à 682 experts qui ont produit 57 bulletins nationaux en évaluant 10 indicateurs communs. Les comparaisons des notes ainsi obtenues permettent d’examiner les tendances mondiales et mettent en évidence la façon dont notre monde en constante évolution affecte les niveaux d’activité physique des enfants. Le Canada a contribué aux Comparaisons mondiales 4.0 à l’aide des notes du récent Bulletin de l’activité physique chez les enfants et les jeunes 2022 de ParticipACTION, Sur les 57 pays participants, le Canada se classe au 28e rang mondial pour l’ensemble de l’activité physique (note :D), 52e pour les comportements sédentaires (note : F), et 25e pour le classement général de tous les indicateurs (note : C-). Le Canada s’en sort mieux dans de nombreux indicateurs sociaux, culturels et politiques, il s’est hissé au 9e rang pour la communauté et l’environnement (note : B), 16e pour la famille et les pairs (note: C) et 20e pour le gouvernement (note: B-).
Quelles notes devrait-on améliorer le plus et pourquoi?
Maintenir le transport actif et le jeu actif (plus précisément le jeu en plein air), car tous deux offrent des avantages significatifs sur le plan physique, mental, social et environnemental.
Que peut-on faire pour favoriser l’activité physique chez les enfants et ainsi contribuer à améliorer les notes?
Nous avons tous un rôle à jouer dans la lutte contre la sédentarité de nos enfants. Des pays comme la Slovénie et le Danemark, qui ont toujours obtenu de bons résultats au niveau mondial en matière d’activité physique, se sont attaqués à ce problème en s’attaquant aux normes culturelles et sociales répandues à l’origine de l’inactivité des enfants. Pour faire de l’activité physique un mode de vie pour chaque enfant vivant au Canada, nous avons besoin de solutions collaboratives qui impliquent les parents, les éducateurs, les communautés et tous les niveaux de gouvernement qui travaillent ensemble et investissent dans des stratégies durables à long terme avec une vision claire de l’avenir.